Satnam, mort d’exploitation – Ville de La Spezia

Satnam, mort d’exploitation – Ville de La Spezia
Satnam, mort d’exploitation – Ville de La Spezia

De Sabaudia, dans un paysage lagunaire, une des villes fondées lors de la bonification de l’Agro Pontino, on monte vers des villages d’origine lointaine. Ici vous pourrez admirer l’abbaye de Fossanova, la première en Italie à être construite dans le style gothique-cistercien. Pour y arriver, on traverse la plaine autrefois marécageuse, aujourd’hui cultivée. Quand j’y suis allé, j’ai vu de nombreux tracteurs et de vieilles camionnettes emmenant des travailleurs étrangers au travail. Je me suis arrêté pour voir ces champs, prendre quelques photos. J’ai été brutalement chassé par un groupe de méchants – au service des caporaux – qui étaient postés dans les environs.

Satnam Singh, un ouvrier indien sikh de l’entreprise Agrilovato, est décédé dans l’un de ces champs. Lundi dernier, son bras a été sectionné par une machine agricole. Satnam, employé sans contrat régulier, a été chargé dans une camionnette et déchargé devant la maison. Avec le corps se trouvait une cassette avec son bras. L’ouvrier sikh est décédé mercredi, après deux jours d’agonie. Il aurait très probablement été sauvé si son propriétaire lui avait apporté son aide. Ce n’était pas seulement un accident du travail, c’était un meurtre abusif. Interprété par des gens pour qui seul l’argent compte : la vie humaine ne vaut rien.

Bruno Giordano, magistrat et ancien directeur général de l’Inspection du travail, s’est demandé : “Qui demandera pardon pour Satnam Singh ?”. Et d’ajouter : “Si vous êtes un étranger en situation irrégulière, vous avez besoin d’un morceau de pain pour survivre, vous devez travailler illégalement, sans sécurité, sans dignité, sans espoir”. Ce sont des choses qui se produisent aujourd’hui en Italie. Je me souviens de la célèbre phrase du Premier ministre le jour de son investiture : “Ceux qui produisent ne seront pas dérangés”. Et celle du ministre de l’Agriculture selon laquelle les pauvres mangent mieux que les riches. Et celle du ministre de l’Intérieur : désormais « la fête est terminée ». Pour Satnam et bien d’autres, ce n’est pas la fin du plaisir mais la fin de la vie. C’est vrai, une loi a été faite pour lutter contre le gangmastering, mais la dernière réunion de la table pour lutter contre le gangmastering exigée par la loi remonte à décembre 2022. Rien n’a changé.

Le moment est venu de nous débarrasser des chaussures de consommateur dans lesquelles nous nous réfugions et d’enfiler celles de ceux qui, face à ces crimes et à ces horreurs, s’indignent et prennent la parole. Fabio Ciconte, de l’association Terra!, a écrit : « Le monde scintillant du Made in Italy n’existe tout simplement pas. Du nord au sud, les campagnes sont envahies par des phénomènes d’exploitation. Jusqu’à ce que nous intervenions sur la chaîne de valeur alimentaire, c’est-à-dire jusqu’à ce que le juste prix soit reconnu pour ceux qui travaillent la terre et que les offres promotionnelles continuent d’être le principal outil de promotion des supermarchés et des magasins discount, cette situation restera inchangée ».

Cela ne veut pas du tout dire que pour avoir des produits alimentaires à des prix accessibles à tous, il faut nécessairement accepter qu’un ouvrier soit payé deux ou trois euros de l’heure. C’est l’un des nombreux mensonges dont ils nous nourrissent. Les prix des denrées alimentaires de 2000 à 2024 ont augmenté de 58,9 % ! La vérité est que les consommateurs paient plus et achètent moins, et que les travailleurs restent des esclaves. Alors que les grandes industries agricoles reçoivent d’importantes sommes d’argent public, les petites et moyennes entreprises ne reçoivent que quelques centimes : une concurrence déloyale qui entraîne une diminution constante du nombre de travailleurs agricoles indépendants, les agriculteurs directs. Les bas prix payés à la ferme profitent à l’industrie agroalimentaire et à la grande distribution, et certainement pas au consommateur.

L’exploitation et l’esclavage sont de retour. Même dans la construction navale et la navigation de plaisance, comme le démontre la réalité de notre ville (j’en ai parlé, dans cette chronique, dans l’article “Les décès dus aux contrats et à la précarité et l’ambulance de Muggiano”, 14 avril 2024). Nous avons besoin de plaintes et de mobilisation quotidienne. Nous avons besoin des Brigades du travail : parcourir chaque champ, parcourir chaque usine, impliquer les nouveaux esclaves, en faire des protagonistes. Si j’étais encore jeune, je ferais ce métier. Je disais : « Être maire est le plus beau métier du monde ». Aujourd’hui, je dirais : “Le plus beau métier du monde est de défendre la dignité et la liberté du travail”. Et de toute façon, même les maires ne doivent pas rester les bras croisés. A Spezia et Lerici également : qui s’occupe des transports publics, du logement, des soins de santé, de l’éducation des nouveaux esclaves bengalis qui travaillent sur nos chantiers et de leurs familles ? Un tel phénomène ne devrait-il pas nous obliger à repenser les formes de protection sociale ?

Post Scriptum
Les photographies d’aujourd’hui ont été prises dans la province de Latina en 2016 : la première est celle du lac et de la tour Paola à Sabaudia ; le deuxième de l’abbaye de Fossanova (Priverno).

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