Corpus Christi. Don Morocutti : « L’Eucharistie est la seule vraie médecine capable de guérir les blessures de l’homme »

« L’homme ne peut pas se donner cette guérison, il a besoin d’être guéri », explique à SIR le théologien qui participera au Congrès eucharistique international de Quito en septembre : « Dans la déclaration de Matthieu, ‘la fraternité pour guérir le monde’, dont le Un document de base traduit en plusieurs langues et promulgué par la Conférence épiscopale de l’Équateur est né, exprime ce besoin de se reconnaître malade. Si nous ne partons pas de là et de l’autosuffisance, nous n’arriverons jamais à une véritable fraternité, capable de répondre aux nombreuses blessures que nous vivons”

(Photo Siciliani-Gennari/SIR)

La solennité du Très Saint Corps et Sang du Christ est célébrée le dimanche 2 juin. Dans l’Eucharistie, Jésus ne nous donne pas seulement sa Parole, son Évangile, il nous donne aussi son « corps » pour nous faire comprendre qu’il est réellement avec nous, habitant notre histoire. Du Corpus Christi que nous nous préparons à célébrer et du Congrès eucharistique qui aura lieu cette année à Quito, en Équateur, du 8 au 15 septembre, nous parlons avec Don Paolo Morocuttile seul théologien italien qui y participera.

Don Paolo, comprenons-nous pleinement le grand don que le Seigneur nous fait avec l’Eucharistie ?

Il y a et il y a toujours eu une difficulté à comprendre véritablement l’Eucharistie dans sa réalité la plus profonde. Le plus grand effort est celui qui nous empêche de dépasser l’aspect dévotionnel, auquel nous sommes tous profondément liés, pour entrer dans la dimension la plus réelle, qui est celle de l’accueil d’un Dieu présent, incarné en Jésus Christ et capable de donner des résultats concrets. des réponses aux blessures de l’homme. La Fête-Dieu doit être pour tous cette affirmation joyeuse et forte d’un Dieu vraiment présent dans le pain et le vin, mais qui est aussi vraiment capable de répondre à ce besoin de l’homme. En fin de compte, il faut relire l’Eucharistie comme cette réalité capable de donner une réponse aux réalités que nous vivons et qui nous déroutent : la guerre, la violence, l’inquiétude, l’incertitude du lendemain. Dans ce panorama de grande incertitude, nous, chrétiens, devons nous dire de plus en plus qu’il existe une certitude : ce Dieu qui est avec nous, non pas de manière spirituelle ou dévotionnelle, est avec nous de manière réelle, si proche et si présent qu’il est capable de se configurer et d’habiter notre histoire, même la plus contradictoire.

(Photo Siciliani-Gennari/SIR)

Comment passer de la dévotion à une compréhension plus profonde de l’Eucharistie ?

La dévotion et la dévotion sont un point de départ important car – grâce à Dieu – notre peuple reconnaît encore une présence dans l’Eucharistie. Le problème est que ce point de départ doit être exprimé de manière moins superficielle, mais plus profonde. Il faut faire comprendre non seulement que Dieu est présent dans l’Eucharistie, mais quelles sont les conséquences de cette présence, ce que les Orientaux appellent encore la « déification de l’homme ». Dans cette relation, nous grandissons et devenons vraiment semblables au Christ, c’est donc un passage entre la reconnaissance d’une présence et sa fécondité. Une présence qui doit nous transformer. Donc, le passage est que de reconnaître la présence de Dieu à faire en sorte que cette présence, qui habite en nous, nous donne du pouvoir et permette une transformation intégrale de notre personne et, encore une fois, à faire en sorte que cette présence soit aussi annonciatrice de transformations globales, en anthropologie, dans l’économie, dans la société, dans la famille. Une véritable dévotion à l’Eucharistie doit répondre à cela.

Les congrès eucharistiques contribuent-ils à faire vivre cette transition ? Du 8 au 15 septembre nous vivrons un nouvel événement international…

Les Congrès eucharistiques ont certainement un rôle fondamental. À Quito, en Équateur, nous vivrons le 53e Congrès eucharistique international. Cela signifie que le Saint-Siège, qui dispose d’un Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques, a toujours accordé une grande importance à ces rencontres, qui ont pour objectif non seulement de nous ramener à l’Eucharistie comme dévotion : le centre de ces Congrès eucharistiques est de définir que le culte de l’Eucharistie ne doit pas et ne peut pas seulement être décliné de manière dévotionnelle, mais être compris dans sa réalité la plus vive et la plus profonde. C’est la conscience que

l’amour de Dieu incarné dans le Christ est véritablement présent dans l’Eucharistie et est la véritable source du salut et de la guérison de l’homme.

(Photo Siciliani-Gennari/SIR)

Le thème choisi pour le Congrès eucharistique international de Quito est « Fraternité pour guérir le monde – Vous êtes tous frères (Mt 23, 8) ».

Le thème est choisi dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 23, mais il est aussi très clair et franc. « Fraternité pour guérir le monde » : il existe une affirmation selon laquelle la guérison du monde passe, selon la vision évangélique, à travers cette fraternité, cette réalité dans laquelle les hommes deviennent frères, mais cette réalité, d’un point de vue chrétien, elle n’est pas seulement possible d’une manière ou d’une autre grâce à une bonne éducation, une bonne socialité, une pédagogie, mais cela nécessite une guérison profonde, qui ne peut venir de l’homme. L’homme ne peut pas se donner cette guérison, il a besoin d’être guéri. Dans cette déclaration de Matthieu, « fraternité pour guérir le monde », à partir de laquelle est né le document de base traduit en plusieurs langues et promulgué par la Conférence épiscopale de l’Équateur, s’exprime ce besoin de se reconnaître comme malade. Si nous ne partons pas de là et de l’autosuffisance, nous n’arriverons jamais à une véritable fraternité, capable de répondre aux nombreuses blessures que nous vivons.

Vous serez le seul théologien italien à Quito : quelle responsabilité ressentez-vous et quelle contribution apporterez-vous de l’Italie ?

J’ai accepté cette invitation avec un extrême étonnement, j’ai été contacté par le Comité Pontifical pour les Congrès Eucharistiques et cela m’a laissé sans voix. La contribution que je vais apporter vient d’un sentiment italien. Il est vrai que la fraternité guérit le monde, mais la fraternité s’incarne également dans des contextes sociaux et culturels. Dans notre Italie, nous vivons encore notre relation avec l’Eucharistie de manière controversée : il y a encore beaucoup de dévotion mais il y a aussi un grand besoin de la redécouvrir dans son sens le plus profond et le plus réel. Je ressens une grande responsabilité d’interpréter une théologie qui, dans notre contexte italien sur l’Eucharistie, a eu de grands noms et de grandes idées. J’espère que c’est une contribution de communion, une petite goutte qui s’ajoute à un océan de réflexions à travers le monde dans lequel l’Eucharistie est définie comme la seule véritable médecine capable de guérir ces blessures humaines. Ma contribution portera sur la relation entre le Sacré-Cœur et l’Eucharistie. L’Équateur célèbre les 150 ans de la consécration au Sacré-Cœur et est le premier pays au monde à se consacrer au Sacré-Cœur, cette relation entre le Sacré-Cœur et l’Eucharistie est la spécifique pour laquelle j’ai été appelé et montre que

l’Eucharistie est un cœur vivant, c’est un cœur qui bat, c’est un cœur capable de donner de l’amour et aussi de ressentir de la douleur,

parce que le cœur du Christ, comme l’enseigne la Tradition, est un cœur qui bat d’amour mais qui souffre de l’indifférence et de la froideur avec lesquelles nous nous rapportons souvent à la personne de Jésus présent dans l’Eucharistie. La relation qui existe entre le Sacré-Cœur et l’Eucharistie est donc le dépassement de toute dévotion pour réaffirmer que dans l’Eucharistie il y a un cœur qui palpite, qui bat, qui donne de l’amour mais qui doit aussi recevoir de l’amour.

Photo Calvarese/SIR

L’invitation à devenir « missionnaires eucharistiques de la fraternité » viendra-t-elle du Congrès eucharistique de Quito ?

Devenir « missionnaires eucharistiques de la fraternité » n’est pas un appel pour certains baptisés, c’est un devoir pour tous les baptisés car

être « missionnaires eucharistiques de la fraternité » signifie être missionnaires de l’amour de Jésus-Christ, tel que Jésus-Christ nous le livre et nous le donne.

C’est pourquoi le devoir d’une fraternité missionnaire qui a pour centre l’Eucharistie ne peut être décliné pour quelque baptisé ou pour quelque réalité ecclésiale, mais il est la manière même par laquelle l’Église célèbre la vraie fraternité.

Quels fruits attendez-vous du Congrès eucharistique 2024 ?

Le fruit est que les chrétiens du monde entier, une fois de plus tous ensemble et dans la même direction, désignent ce cœur qui bat dans l’Eucharistie comme la seule source possible de véritable guérison, pour rétablir la guérison de l’homme comme quelque chose qui cela ne vient pas de l’homme, mais cela vient de Dieu. Nous sommes très attentifs à trouver, à juste titre, des solutions aux grandes questions d’aujourd’hui : la guerre, la violence, la crise économique, la crise qui affecte nos familles, la crise mondiale, y compris la crise climatique. – mais rappelons-nous que même le Saint-Père lorsqu’il parle de la crise écologique indique le péché originel comme la première réalité qui sous-tend cette crise, il ne s’agit pas seulement d’une crise économique de l’égoïsme de l’homme, mais de la source la plus profonde de toute véritable dyscrasie d’un point de vue anthropologique. Au niveau économique, le péché originel réside dans le péché originel et le seul capable de guérir profondément ce péché à la racine est le Dieu incarné qui, en s’incarnant et en se rendant présent dans l’Eucharistie, guérit nos relations et nous permet, si nous choisissons de le suivre , guérir. J’espère qu’une fois de plus, l’Église du monde entier désignera Jésus-Christ comme le seul Seigneur et Sauveur par qui commence la guérison véritable et intégrale pour tous les hommes.

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