«Ma rencontre avec Eric-Emmanuel Schmitt»

Le 20 août à 21h30 au Théâtre Galli de Rimini le spectacle théâtral « Chi sei tu ? Le défi de Jérusalem », extrait du carnet de voyage d’Eric-Emmanuel Schmitt en Terre Sainte. Otello Cenci, directeur du spectacle et responsable des spectacles de la Rencontre, nous raconte la genèse de ce projet théâtral.

Tout a commencé dès la rencontre avec Schmitt. Une rencontre d’abord à distance…

La rencontre avec Eric-Emmanuel Schmitt a été un moment clé pour ce projet. Lors d’une rencontre au Meeting 2022, j’ai été frappé par sa grande humanité et je me suis lancé dans une lecture de plus en plus passionnée de ses textes. Ainsi, l’année dernière, l’idée de mettre en scène « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » avec Sergio Rubini et Simone Zanchini est née. Pour préparer l’émission, une première relation à distance avec Eric est née.

Et le texte sur Jérusalem ?

On peut dire que c’est Lorenzo Fazzini, directeur de la Libreria Editrice Vaticana, qui a déclenché les événements. D’abord en invitant Schmitt à se rendre à Jérusalem pour rédiger un journal de voyage personnel. Puis, l’été dernier, Lorenzo m’a proposé de lire à l’avance le texte d’Eric et d’essayer de comprendre si un spectacle pouvait en découler. J’ai été très frappé par l’expérience exceptionnelle que l’auteur a vécue dans ces lieux très significatifs et controversés. De plus, il faut du courage et un grand sérieux pour partager publiquement des événements et des sentiments aussi intimes. De là est née l’envie de le mettre en scène.

Puis la rencontre en personne…

Oui, j’ai rencontré Eric en septembre à Bologne, à l’occasion de la présentation de son livre avec le cardinal Matteo Maria Zuppi. La rencontre a été très agréable, grâce à sa grande disponibilité. A cette occasion, à la fin de la longue conversation, connaissant son grand amour pour le théâtre et aussi son expérience directe dans ce secteur, je lui ai proposé de représenter lui-même le texte. Après une première hésitation, nous nous sommes séparés avec l’intention de vérifier l’efficacité et la valeur de l’adaptation que nous pourrions obtenir. Et aujourd’hui, nous sommes là…

Qu’est-ce qui vous a frappé dans le texte de Schmitt sur Jérusalem ?

Schmitt affronte la réalité avec ironie, mais ne manque jamais de partager des sentiments et des jugements très personnels et profonds. Une légèreté d’approche est toujours suivie d’une analyse humaine approfondie qui va au cœur de l’histoire qui fait l’objet du récit. Le regard sur la réalité semble être celui de chacun, celui qui découle de la mentalité de notre époque, mais il va jusqu’à voir le côté intéressant qui se cache derrière les difficultés, les personnages anguleux, les événements dramatiques. Son extrême sincérité, sa spontanéité et son courage pour raconter des événements aussi exceptionnels et délicats, comme, en l’occurrence, son expérience au Saint-Sépulcre, sont rares aujourd’hui.

Nous parlons d’un voyage qui est aussi interne.

Schmitt décrit dans son journal une conversion qui s’opère de manière très humaine et que je sens très proche de ma sensibilité. Il part d’une attitude rationaliste, de par son éducation et sa formation. C’est le désenchantement typique de l’homme du XXIe siècle et il l’exprime de manière agréable dans la description qu’il donne des rencontres avec les personnes et les lieux symboliques des différentes religions. Cependant, il ne s’arrête pas à cette première réaction qui l’amènerait, comme nous tous, à prendre ses distances, mais surmonte l’embarras et le scepticisme, acceptant de s’impliquer et de partager le voyage jusqu’au bout, tant géographiquement que personnellement, pour découvrir qu’il y a quelque chose de vrai et d’important au final pour lui. Son voyage peut impliquer le lecteur et, je l’espère, aussi les spectateurs dans un voyage intérieur choquant.

Adapter le texte de Schmitt pour un spectacle de 80 minutes est un défi non trivial… le texte original est très conséquent.

Nous avons travaillé avec soin pour préserver le voyage humain et géographique sans couper les lieux cruciaux visités par Schmitt, en essayant de sauvegarder les aspects les plus dramatiques et les rencontres qui ont marqué son changement. La première réduction, réalisée en collaboration avec Emanuele Fant, a reçu de sa part des retours plus que positifs. Par la suite, nous avons travaillé à « alléger » davantage l’histoire pour la rendre encore plus essentielle. Ainsi est également apparu le titre de l’exposition, qui place en son centre la question « Qui es-tu ? », c’est-à-dire celle que Schmitt sent posée avec insistance par les lieux qu’il visite et ce qui lui arrive. Qui es-tu? En quoi crois-tu? De quoi es-tu réellement constitué ? Des questions très pertinentes par rapport au titre de cette édition de la Rencontre.

Depuis que Schmitt a rédigé son carnet de voyage, un terrible conflit a éclaté au Pays du Christ. En quoi ce travail aide-t-il à comprendre la situation de ces territoires ?

Éric observe dans son texte que Jérusalem est un fouillis de styles et d’architectures différents. Puis, poétiquement, il observe que peut-être les pierres peuvent coexister harmonieusement parce qu’elles ont reconnu et accepté qu’elles sont faites du même matériau. « Ceci, écrit-il, est une étape que l’homme n’a pas encore franchie. » L’émission n’a évidemment pas l’ambition de dire qui a raison dans cette guerre dramatique et sanglante qui attise la haine à travers le monde, mais elle vise à provoquer le public à travers l’histoire d’Éric, à un regard pleinement humain sur nous-mêmes et sur les autres, quels qu’ils soient. sont.

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