risque sept ans de prison pour une peine prononcée il y a 14 ans

L’écrivain indien le plus célèbre au monde se tait. Arundhati Roy reste silencieuse après avoir appris qu’elle sera jugée pour terrorisme: parmi les voix les plus critiques du gouvernement, risque sept ans de prison, sans parler de l’éventuelle période de détention provisoire. L’auteur de Le dieu des petites chosesqui lui a valu le prestigieux Booker Prize, se retrouvera sur le banc des accusés pour les opinions exprimées il y a 14 ans lors d’une réunion publique sur séparatisme au Cachemire. Le président de la région de New Delhi, choisi par le parti du premier ministre, a autorisé la procédure Narendra Modi.

La nouvelle est tombée alors que le dirigeant indien était en Italie pour le G7, quelques jours après sa prestation de serment pour un troisième mandat : ​​bien que contraint de former un gouvernement de coalition, en raison du nombre réduit de sièges obtenus au Parlement après les élections, Modi a voulu projeter une image de continuité et de pouvoir tout en maintenant ses hommes confiance dans les postes clés. Et cette initiative contre Roy peut aussi être lue comme un signal de force que le nouvel exécutif il voulait céder après sa victoire en mi-temps. L’écrivain sera jugé en vertu de la loi sur la prévention des activités illégales (UAPA), la loi antiterroriste en vigueur depuis 1969, amendé dans un sens plus restrictif en 2019, immédiatement après le triomphe électoral des nationalistes hindous du BJP. Pour faire taire la dissidence, ils accusent les militants.

Sans entrer dans le bien-fondé de ses propos, un autre grand écrivain indien prend sa défense : Amitav Ghosh: «La persécution d’Arundhati Roy est absolument inconcevable. C’est une grande écrivaine et elle a droit à son opinion. Un tollé international est nécessaire concernant les poursuites engagées contre elle pour quelque chose qu’elle a dit il y a 14 ans. »

Plusieurs dirigeants du BJP ont cependant défendu cette décision et ont présenté Roy comme l’un des traître soutenu par le parti d’opposition du Congrès, celui des Gandhis.

Des déclarations remontant à octobre 2010 ont été prises pour cible, lorsque l’écrivain avait déclaré lors d’une conférence à New Delhi que le Cachemire n’avait jamais fait partie de l’Inde avant d’être occupé par les troupes indiennes.
Cheikh Showkat Hussain, ancien professeur de droit international à l’Université centrale du Cachemire, sera également jugé avec Roy. Tous deux, dans la plainte déposée en novembre 2010 par un militant hindou, étaient accusés de promouvoir «la séparation du Cachemire de l’Inde».

Tout est resté quasiment au point mort pendant treize ans, jusqu’en octobre dernier où l’affaire a été ressuscitée. Saxena lui-même a annoncé vendredi que Roy peut être poursuivi en vertu de la loi antiterroristesans délai de prescription, permet d’arrêter les suspects à titre préventif sans possibilité de libération sous caution.

Parmi les parties les plus controversées du code juridique indien, l’UAPA a été invoquée ces dernières années par le gouvernement Modi contre des étudiants militants de New Delhi, des journalistes cachemiris et le prêtre jésuite Stan Swamy, décédé en prison en 2021. Mary Lawlor, United States Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme, a critiqué les autorités indiennes pour avoir utilisé la loi pour «criminaliser les défenseurs des droits de l’homme».

Roy reste silencieuse, son avocate, Rebecca John, parle en son nom, qualifiant l’affaire de « politiquement motivée ». « Il a fallu 14 ans à la police de Delhi pour enquêter sur une affaire dans laquelle la seule accusation retenue contre Mme Roy était celle d’avoir prononcé un « discours », qui n’a certainement pas conduit à des violences ou à d’autres « activités illégales » ».

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