“Je n’ai aucun doute quant à savoir quel côté de l’histoire est vrai.” Lettre d’Ilaria Salis depuis la prison

“Je n’ai aucun doute quant à savoir quel côté de l’histoire est vrai.” Lettre d’Ilaria Salis depuis la prison
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Aujourd’hui à Budapest reprend le procès contre Ilaria Salis, accusée d’avoir attaqué des fascistes nazis. Vous trouverez ci-dessous une lettre d’elle provenant de la prison hongroise où elle est enfermée depuis des mois.

« Je suis tombé dans un puits très profond, je me demande si j’en suis ressorti. Mais je n’ai aucun doute quant à savoir quel côté de l’histoire est vrai.”

« Les mois sont longs et il arrive que la bulle se transforme en trou noir qui vous aspire. Empruntant une métaphore que je lirai quelques mois plus tard dans une belle bande dessinée consacrée à mes expériences – dit-elle en citant Zerocalcare – je suis tombée dans un puits très profond.

Les murs sont glissants et chaque fois que j’essaie péniblement de faire un petit pas pour monter un peu, je finis toujours par tomber plus profondément. Parfois je me demande si ce puits a un fond et s’il y a vraiment une sortie quelque part. J’imagine que je suis un petit gecko qui, dans l’obscurité silencieuse, parvient à escalader les murs. Oui, je dois escalader les murs, mais malheureusement mes compagnons d’escalade et les liens de confiance étroitement serrés sur la corde de sécurité ne sont pas là.”

« Je ferme les yeux et je porte mon regard au-delà des murs de cette prison aveugle : je vois les histoires d’hommes et de femmes comme des remplacements de tissus sur des tapisseries qui racontent des histoires plus larges. Histoires de peuples, de cultures, de langues et de religions. Histoire des systèmes économiques, politiques et juridiques. Des histoires de richesse et de pauvreté, de pouvoir, d’oppression et d’exploitation. Histoires de guerres et d’armées. Histoires d’un monde dans lequel des enfants sont encore tués, dans lequel les mitrailleuses résonnent dans les quartiers de l’Europe qui font écho aux ravages du siècle dernier.

J’ouvre les yeux et ils me voient recroquevillé sur la couverture grise, regardant la porte en fer de la cellule. Tout me semble simple et linéaire dans ces événements, comme dans bien d’autres, il n’y a aucun doute sur la version de l’histoire qui est juste. »

28 mars 2024 – © Reproduction possible AVEC CONSENTEMENT EXPLICITE de l’ÉQUIPE ÉDITORIALE DE CONTROPIANO

Dernière modification : 28 mars 2024, 9h01

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