Elton John et David Furnish, leur collection de photos (et cette fragile illusion) exposée

Elton John et David Furnish, leur collection de photos (et cette fragile illusion) exposée
Elton John et David Furnish, leur collection de photos (et cette fragile illusion) exposée

Cet article est publié dans le numéro 21 de Salon de la vanité en kiosque jusqu’au 21 mai 2024.

Vaut-il mieux avoir un caractère fort ou une beauté fragile ? Ils ont dû se demander Elton John Et David Furnish quand ils ont commencé à collectionner Photos. dont une sélection est désormais disponible Musée Victoria & Albert, Londres dans le montrer Beauté fragile : photographies de la collection Sir Elton John et David Furnish. Avantagés par le fait de ne pas être deux beautés classiques, les deux mettent en action la force de leurs personnages pour explorer la fascinante faiblesse de la beauté à laquelle s’abandonnent les faibles de caractère, espérant pouvoir se sauver de leur propre sort, cruel. dans le sens où il ne fait pas de distinction entre le beau et le laid lorsqu’il doit choisir ses victimes. Mais si les laids apprennent à se défendre contre la méchanceté du destin et de la société, les beaux se font souvent l’illusion que leur beauté est une armure qui les protège des injustices du monde. Le Beauté fragile Le titre de l’exposition contient toute la tragédie de cette illusion. Tantôt à travers des portraits de belles personnes célèbres qui ont mal fini, tantôt à travers des images simples et poignantes, belles par la tendresse avec laquelle elles décrivent leurs sujets ou leurs espaces. Une collection qui voit son épicentre dans des photos qui racontent le fléau dévastateur deSida ce dont John et Furnish ont été témoins, voyant des amis emmenés qui étaient stigmatisés par une société sectaire et irresponsable. Jamais auparavant la beauté n’a autant découvert sa fragilité et son inutilité que lors de la crise du sida. Mais avant le sida, les drogues et la dépression avaient fait leurs victimes.

Beauté fragile : photographies de la collection Sir Elton John et David Furnish, en partenariat avec Gucci, du 18/5 au 5/1/2025 à The Sainsbury Gallery, V&A South Kensington. Ici, Elton John : un œuf sur le visagede David LaChapelle.

La photo d’Eve Arnold en 1960 raconte une histoire Marilyn Monroe pendant le tournage du film Les déplacés dans le désert du Nevada. Mais en le racontant, il révèle comment derrière l’actrice légendaire, sex-symbol d’une génération, se cachait une personnalité très incertaine qui la conduirait au suicide. La vaste solitude du désert reflète la solitude intérieure du protagoniste. Herman Leonard nous montre le trompettiste Chet Baker à New York en 1956. L’obscurité qui l’entoure annonce celle de la drogue qui le conduira bien des années plus tard à se jeter par la fenêtre d’un hôtel, mettant ainsi fin à la vie d’un beau génie possédé. Démon qui apparaît jouissif et joueur dans l’autoportrait de Robert Mapplethorpe de 1985, un artiste qui se découvre malade défiera le virus avec le regard de son appareil photo, produisant des chefs-d’œuvre qui identifient encore aujourd’hui la mort et la beauté. Ensuite il y a Nan Goldinchanteuse des profondeurs de la drogue, avec un portrait de ses amis dans l’œuvre Jimmy Paulette et Tabou !, figures mélancoliques de la commedia dell’arte underground new-yorkaise. Ensuite il y a Peter Hujarprécurseur de la lutte pour les droits des homosexuels avec une photo de Bonbons chérie sur son lit de mort en 1974. Quelques années plus tard, Hujar lui-même sera l’une des premières victimes illustres de la séropositivité. Cindy Shermanavec un de ses célèbres Images fixes du film, où l’artiste s’invente comme protagoniste de films imaginaires, dans l’espoir que le rêve devienne réalité. Parce que la beauté, nous dit cette exposition, est aussi souvent une chaîne de rêves brisés. Ou des cauchemars domestiques, comme dans l’autoportrait au masque de Gillian Wearing de 2000. La beauté de la solitude des espaces ou des lieux privés, comme celles des photos de Sally Mann ou Alec Soth. Fragile est la beauté humaine et fragile est l’équilibre du bonheur. Et pour cette maladie inévitable, qu’on appelle tantôt destin, tantôt illusion, le seul remède temporaire s’appelle l’humour. Représenté comme par magie sur la photo dDavid LaChapelle d’Elton John avec deux œufs au plat comme des verres ou un masque de carnaval. Cocktail d’humour et d’horreur. Orange mécanique et Charlot. Car si Dame Nature ne vous a pas rendu belle, la beauté de votre rire vaincra la fragilité de la vie.