30 ans plus tard, mais pour toujours

Trente ans peuvent être un instant ou une éternité. Tout cela fait partie de la relativité du temps, de la façon dont vous le vivez ou de la manière dont vous l’avez vécu. Pour ceux qui étaient là, Roland Ratzenberger Et Ayrton Senna c’est comme s’ils n’étaient jamais partis, tandis que pour ceux qui n’ont pas eu le temps de les voir sur la piste, c’est comme s’ils appartenaient à une autre époque, très loin de la leur. Une question de relativité, en fait.

La mémoire est un don à cultiver chaque jour, dans n’importe quel domaine. Mais dans les occasions rondes, les plus spéciales, se souvenir fait toujours un peu plus mal. Et en mémoire ils vont tous les deux, Roland Et Ayrton: parce qu’on a tendance à oublier le premier, mais même le second n’en aurait pas été content, qui, ce n’est pas par hasard, l’avait amené dans le cockpit de ce foutu 1er mai 1994 un drapeau autrichien à brandir pour Roland. Quel que soit le résultat final de cette course, Ayrton aurait aimé brandir ce drapeau autrichien sur le tour d’honneur en mémoire de son collègue décédé aux alentours de 24 heures avant. Ce drapeau, malheureusement, est resté abaissé, retrouvé dans un cockpit sans âme, sans volant ni pilote. Un cockpit sans Ayrton, dernier espace de vie du Brésilien.

Si différent, si pareil

Entre le Tamburello et le virage de Villeneuve il y a quelques dizaines de mètres, rien de plus. Entre Ayrton Senna et Roland Ratzenberger, il y avait pourtant un monde : l’un était la star, l’autre représentait le prolétariat de la F1, celui qui se bat et se bat dans le seul but d’obtenir une qualification sur la grille de départ. Roland, même prêt à y mettre un peu d’argent, à s’investir pour une dernière partie de sa carrière plus radieuse que la première. Ils avaient le même âge, Ayrton et Roland, mais ils n’avaient rien en commun si ce n’est leur passion pour la course. L’un Autrichien, l’autre Brésilien : pourtant, ils n’auraient jamais pensé qu’ils le seraient unis pour toujours, par le même destin rencontrés sur la même piste.

Les derniers souvenirs d’Ayrton et Roland

Roland s’est inspiré d’Ayrton, comme tout le monde ; pour Roland, cependant, Ayrton a souffert de cela 30 avril 1994, un samedi maudit comme le serait le dimanche suivant. Une ruée à l’hôpital pour connaître avant tout le sort de son collègue, une souffrance sincère, un souvenir à brandir avec ça drapeau autrichien. Lointains sur la piste, proches dans le destin, Roland et Ayrton n’ont pas eu le temps de s’affronter en course : des moyens techniques et naturels trop différents. Mais sous le casque, peut-être, ils étaient plus égaux qu’on pourrait l’imaginer : passion, esprit de compétition, travail acharné pour arriver au bout. Nous connaissons tous Senna : la façon dont il interagissait avec les techniciens, le travail jusque tard dans la nuit avec les ingénieurs moteurs Honda à l’époque McLaren, sa façon de demander et d’exiger une voiture de haut niveau. On sait moins de choses sur Ratzenberger, mais les derniers témoignages de son entourage sont précieux, comme celui de son coéquipier David Brabham ou Nick Wirthchef d’équipe de Simtek et concepteur de celui-ci S941: tous deux rappellent sa volonté d’améliorer le freinage et les virages à basse vitesse, pires qu’à grande vitesse. Après les expériences entre prototypes et monoplaces, entre Le Mans, F3 et Formule Nippon, Roland n’a pas pu faire tourner une F1 comme il l’aurait souhaité dans les virages à basse vitesse. »mais en termes de courage et d’engagement – rappelle Wirth -, qui sont généralement démontrés dans les virages à grande vitesse, il ne manquait de rien. Cette fois-là aussi, c’était un vendredi de travail, où malgré l’observation du pauvre Rubens Barrichello heurtant les barrières, le spectacle devait continuer : et Roland cherchait les bons réglages, entre les freins et autres choses, pour obtenir une qualification qui plaisait à tous. Au garage, ils savaient que ce serait difficile. Et toujours ce vendredi-là, l’un des derniers souvenirs de Roland est celui de son ami Johnny Herbert: “On a parlé de l’accident de Rubens, il m’a dit qu’en tant que pilotes on aurait dû rester un peu plus unis sur la question sécuritaire“.

Peut-être que cela s’est produit précisément au moment où Ayrton allait rendre visite à son compatriote à l’hôpital, tandis que ses autres collègues se demandaient également ce qui n’allait pas avec ces voitures de F1, même s’il était impossible d’imaginer ce qui se passerait dans les deux jours suivants. Vers un épilogue triste et imprévisiblepour ceux qui, à leur manière, ont mis au premier plan la question de la sécurité, tout comme d’autres collègues.

Milton et Rudolf

Mais ensuite le coup Villeneuvesamedi après-midi. Après cela, l’accident de Tambourinà 14h17 le dimanche, jusqu’au bulletin médical de 18h40 : “Le cœur s’est arrêté de battre”. L’ère Senna a pris fin, après que l’ère Ratzenberger ait pris fin il y a un jour. Au Brésil, il y avait des funérailles nationales, en Autriche celles de la famille Ratzenberger étaient plus humbles. Des personnages et un charisme différents, mais égaux dans la douleur d’un fils disparu : Milton da Silvaau Brésil, il faisait plus froid, Rudolf Ratzenberger au lieu de cela, il n’a jamais pu détester la course même si on lui a enlevé son fils. En cela, au fil du temps, il s’est souvenu d’un autre père laissé sans enfant, une tragédie si grande que l’homme n’a jamais développé un mot qui représente cette condition : parce qu’un enfant qui perd un parent peut être défini comme orphelin, mais il n’y a pas de terme qui identifient la condition opposée. Ce père, cependant, est Paolo Simoncelli, le père de Marco : comme Rudolf, il n’a jamais réussi à détester les courses, qu’elles soient motos ou automobiles. Rudolf Ratzenberger s’exprimait cependant ainsi : Comme il est écrit sur la pierre tombale de Roland, il a vécu pour son rêve. Et je n’ai jamais pu détester ce sport. Cela aurait été facile à faire, mais ensuite j’ai réalisé que rien n’aurait changé.”.

Ayrton Senna et l’interview oubliée du 29 avril 1994

Séné pour toujours

Pour ces pères ou ces mères, oui, peut-être que perdre un enfant en est un damnation éternelle. Pour d’autres, pour le concept de relativité du temps, le fait qu’il s’agisse d’un instant ou d’une éternité importe probablement peu. Parce que c’est dans des cas comme ceux-ci, ceux des anniversaires ronds et pour cette raison plus douloureux des autres, que l’on considère comme bon un postulat, indémontrable par définition et un simple concept déductif considéré comme bon : se souvenir est juste de se souvenir tous les jours, surtout quand on se rend compte que, Bien qu’ils l’aient écrit et en aient parlé, Ayrton et Roland sont certes un souvenir, mais ils le sont pour toujours.

Un numéro spécial dédié à Ayrton sera en kiosque à partir du mardi 30 avril, avec une double affiche dédiée au champion brésilien 30 ans après sa mort tragique.

PREV Ancône, conférence sur l’éthique du logiciel libre: «C’est ainsi que nous stoppons la fracture numérique» – Actualités Ancona-Osimo – CentroPagina
NEXT Gagner à Bari ne suffira peut-être pas à célébrer la Serie A